Sur les 6'000 km de cours d'eau que compte notre beau canton, environ 3'600 ont une valeur piscicole suffisante pour garantir la vie d'une faune aquatique. Environ 900 km d'entre eux sont régulièrement repeuplés en truites fario à différents stades de leur développement.
Ainsi, en 2018, le long de ces 900 km de cours d'eau, les membres des sections SVPR ont immergé:
Sur 40 sections que compte la SVPR, 35 procèdent à des activités de production ou de mise à l'eau, 14 exploitent un ou plusieurs ruisseaux pépinières, 23 exploitent des installations piscicoles (bassins ou canaux) et 5 accueillent des œufs pendant leur incubation.
31 sections participent à l'immersion des truitelles dans les cours d'eau.
Sept sections élèvent des poissons de plus d'une année qui nécessitent une présence quotidienne dans les installations et quatre d'entre elles ont la responsabilité de stabuler des géniteurs sauvages, prélevés dans les cours d'eau de leur région par les gardes-pêche permanents. Ces géniteurs produisent des œufs qui sont fécondés en pisciculture durant l'hiver et qui constituent le début de la chaîne du repeuplement.
Les œufs sont répartis dans cinq écloseries pour leur incubation qui nécessite une attention quotidienne. La durée d'incubation varie selon la température de l'eau et on compte qu'il faut un total de 420°C jusqu'à l'éclosion, ce qui représente 60 jours dans une eau à 7°C, 84 jours pour une eau à 5°C ou 105 jours dans une eau à 4°C.
Pour couvrir le Plan de Repeuplement 2018, il fallait au moins 1'559'000 œufs de truites fario et 121'000 œufs de truites lacustres.
La planification de la production annuelle est confiée à la Commission technique de repeuplement (CTR) de la SVPR qui établit une fiche de commande pour chaque section, sur la base d'un contrat reconductible tacitement chaque année. La CTR établit un calendrier des récoltes en accord avec les gardes-pêche permanents qui procédent au comptage par pesée des poissons récoltés. Une fiche de production établie par la section et visée par le garde-pêche est alors transmise à la CTR pour paiement.
En cas de problème de maladie ou de mortalité dans leurs installations, les sections doivent immédiatement en informer la CTR et le garde-pêche permanent de la circonscription.
Parmi les 35 sections qui participent au rempoissonnement des cours d'eau, certaines ont pour mission d'immerger des alevins âgés de quelques semaines seulement dans le haut des cours d'eau où ils auront moins de risque d'être dévorés par des poissons plus gros. Pour leur garantir un bon départ, ces alevins sont nourris en pisciculture durant 2 à 3 semaines et ils ont ainsi assez de forces pour nager dans le courant et capturer de petits organismes. Ces mises à l'eau qui ont lieu assez tôt dans la saison et parfois en montagne, demandent aussi une bonne condition physique des bénévoles qui vont devoir transporter des bidons dans des pentes escarpées et glissantes et répartir les minuscules alevins tout au long des tronçons désignés. Une répartition la plus clairsemée possible est nécessaire pour éviter les conflits de territoire et la concurrence pour la nourrriture.
Un peu plus tard dans la saison, entre mai et juillet, ce seront les pré-estivaux qui goûteront à la liberté. Ils seront suivis entre juillet et septembre par des estivaux. Pour le transport des truitelles sur les lieux de mise à l'eau, les bénévoles sont équipés de cuveaux alimentés en oxygène car la température de l'eau monte rapidement et les poissons qui sont en surnombre s'asphyxient au bout de peu de temps. La durée des déplacements doit être limitée le plus possible, de même que la manipulation des poissons. Pour cela, il est important de disposer du plus grand nombre de bénévoles et de véhicules possible et cela devient un véritable défi auquel les sections sont confrontées. En effet, les effectifs vieillissent et le recrutement connaît une baisse inquiétante.
Le choix et l'exploitation d'un ruisseau pépinière se font en accord avec les services de l'Etat. Avant d'y introduire des alevins, il faut procéder à une pêche électrique et déplacer vers l'aval les poissons qui s'y trouvent. Des grilles sont installées pour éviter qu'ils puissent remonter et dévorer les alevins. Le nombre d'alevins immergés dans un ruisseau pépinière doit être compatible avac la capacité du ruisseau de les nourrir. En principe, il n'y a pas d'apport de nourriture supplémentaire mais un contrôle régulier que tout se passe bien. Après une année environ les truitelles qui ont survécu sont prélevées par pêche électrique et immergées à l'aval ou dans les cours d'eau les plus proches.
La Loi cantonale sur la pêche (LPêche) précise que le Conseil d'Etat est chargé de prendre toutes dispositions utiles pour assurer la gestion de la pêche et la conservation des espèces de poissons et d'écrevisses dans les eaux du canton et réaliser les objectifs de la Loi fédérale sur la pêche (LFP).
Le Conseil d'Etat définit notamment
Le Plan de repeuplement (PR) établi par la Division Biodiversité et Paysage de la Direction générale de l'environnement, Département du Territoire et de l'Environnement (DTE) doit permettre au Canton de garantir une gestion intégrée des ressources et du patrimoine naturel de ses cours d'eau.
Si, durant de nombreuses années le PR consistait à immerger des quantités élevées de truitelles de provenances diverses dans les nombreux cours d'eau du canton, la diminution toujours plus grande du rendement de la pêche a poussé à la réflexion et à une autre conception du repeuplement. Ainsi, dès 2014 les quotas de rempoissonnement ont été diminués de 75% pour privilégier le frai naturel. Des chantiers de renaturation ont été planifiés et des crédits votés par le Grand Conseil à cet efet. Les résultats de ces changements ne seront pas perceptibles avant plusieurs années et des efforts importants devront encore être consentis, particulièrement pour garantir des débits nécessaires à la vie piscicole.
Un inventaire des cours d'eau a permis à l'Etat de définir lesquels pouvaient se passer de rempoissonnement parce que le frai naturel y était assez abondant. Des tronçons de cours d'eau ont été catégorisés pour recevoir des quantités définies d'alevins, de pré-estivaux, d'estivaux, de truitelles 1+ ou de truites de mesure. Ces tronçons totalisent 900 km !
La production et la mise à l'eau des poissons, dans le respect du PR, est confiée à la SVPR par une Convention qui la lie à l'Etat et qui définit les missions de la SVPR.